Coronavirus : un nouveau dispositif d’aide à distance des élèves en difficulté dans le Grand Est

Depuis les vacances de Pâques, le mentorat d'urgence s’est développé dans le Grand Est. Des étudiants qui d'habitude suivent des éleves en difficulté ont continué cet accompagnement mais en télétravail. A Mulhouse, 80 % des 700 familles habituellement suivies en ont bénéficié.




 

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Eux n'ont pas connu le chômage partiel au printemps. Au contraire, les huit salariés et les 70 jeunes en service civique ainsi que les bénévoles de l’AFEV Grand Est (Association de la Fondation Etudiante pour la Ville) ont mis les bouchées doubles pour aider les jeunes à faire leurs devoirs à distance. L'association est née il y a trente ans grâce à trois étudiants. Elle est aujourd'hui présente dans 350 quartiers dans toute la France et se bat "contre les inégalités et la relégation". Elle propose à des étudiants de s'impliquer auprès des jeunes de 5 à 18 ans en les accompagnant dans l’aide aux devoirs.

Alors avec le confinement et le risque accru de décrochage, il y avait urgence à agir. "Dans ses antennes à Nancy, Reims, Metz, Strasbourg et Mulhouse, l’AFEV Grand Est a connu la mobilisation la plus forte juste après l'Ile de France", précise Virgine Hugault, déléguée régionale de l’AFEV Grand Est. "On a accompagné 80% des 700 familles qu’on suivait en travaillant strictement en télétravail."

Situation à l’antenne mulhousienne

A Mulhouse, depuis janvier dernier, une antenne de l’AFEV a pris place dans le collège de Bourtzwiller. Elle est coordonnée par Julie Grosshans qui gère quatorze jeunes en service civique. Leur mission c'est d'agir dans sept collèges de la ville. L’association est conventionnée par l’Education Nationale pour participer au dispositif "Devoirs Faits". Ils sont présents douze heures par semaines, en binôme, dans chaque établissement. Un groupe de collégiens est encadré pour une heure de devoirs après les cours.

Dès le mois de mars, la fermeture des collèges a obligé l’association à se réinventer. Un appel au recrutement de bénévoles est lancé sur le site lementorat.fr pour répondre aux demandes des élèves en besoin de soutien. "On a fait une grosse campagne pour mobiliser le maximum de bénévoles fin avril. L’appel s’est fait au niveau national", précise Julie Grosshans, chargée de développement local de l’AFEV à Mulhouse.
 
L’école élémentaire du Nordfeld et le lycée professionnel Roosevelt ont fait appel à ce mentorat d’urgence. Trente accompagnants ont été désignés dans chacun des établissements. Les bénévoles peuvent se trouver n’importe où en France. Chacun prend en charge un élève entre 1 et 4 heures par semaine selon ses besoins. 

Certains élèves angoissaient tellement qu’ils n’osaient pas renvoyer leurs devoirs. Il a donc fallu les rassurer, eux et les parents.
- Julie Grosshans, AFEV Mulhouse

Julie Grosshans explique tout le travail de mise en confiance qu'il a fallut faire auprès des familles. "On ne savait pas si les élèves pourraient retourner en classe, alors on a monté ce dispositif avec tout un collectif d’associations. Il s’agissait d’abord de les déstresser. Certains angoissaient tellement qu’ils n’osaient pas renvoyer leurs devoirs. Il a donc fallu les rassurer, eux et les parents."
 

Aider à distance

Les jeunes en service civique aussi se sont mobilisés sur cette opération. Helin Bayazit, 18 ans, était jusque-là affectée au collège Bel Air pour le mentorat éducatif. Elle a démarré le mentorat d’urgence à distance pendant les vacances de Pâques. "Je me suis portée volontaire quand le collège a fermé. Je suis des groupes d’élèves d’environ cinq personnes par visio-conférence. Je travaille à la fois avec mon téléphone et mon ordinateur pour prendre des notes sur les réponses que font les élèves." 

Helin n’est pas là pour corriger le travail des jeunes mais pour les aider s’ils ont oublié une formule mathématique ou des règles d’orthographe. Et cet échange crée un lien de confiance. "Les jeunes sont plutôt contents et j’ai aussi un retour des parents qui se sentent soulagés que quelqu’un prenne le relais", se réjouit Helin. Elle a suivi une trentaine d’élèves du collège Bel Air à distance et en tire un bilan positif. "Je me rends compte que les élèves me font confiance, ils se confient aussi et ont besoin d’être écoutés."

L'AFEV Mulhouse a posté régulièrement des témoignages de ses étudiants en service civique sur sa page Facebook. Helin y explique qu'elle a beaucoup appris de cette expérience : "Je sors de ce volontariat plus mature, forte et épanouie", dit-elle dans ce post qui date du 11 mai :
 
Au collège Bel Air, Marie-Elodie Roché, la principale adjointe, soutient cette nouvelle initiative même si le retour d’expérience n’a pas encore pu être établi car l’urgence, c’est la préparation de la rentrée le 2 juin. Elle remarque que les 6èmes et 5èmes ont été bien plus assidus aux six créneaux ouverts chaque semaine que les 4èmes et 3èmes. "On a pu faire un carton plein la première semaine pour cet accompagnement aux devoirs. Mais la fréquentation s’est étiolée au fur et à mesure, ce qui était plutôt décevant", note la principale adjointe qui concède que la formule a pu être profitable à certains et qu’elle a le mérite d’exister. Pour la rentrée, il est désormais tout à fait envisageable d’imaginer poursuivre ce soutien scolaire à distance.


Un mentorat d’urgence jusqu’au 15 juillet

Le mentorat d'urgence se poursuit, même si la priorité n'est plus la question des devoirs, devenue secondaire, mais plutôt la volonté d’aller chercher les élèves qui ont décroché. C’est d’ailleurs la ligne de conduite du gouvernement qui dès le 2 juin, lance une campagne d’identification et de prise en charge des élèves décrocheurs. 

Pour nous, il y a une urgence éducative. 
Virginie Hugault, déléguée Grand Est de l’AFEV

De leur côté, les enseignants sont tous prêts à reprendre les fondamentaux à la rentrée. Le site lementorat.fr lance donc un appel à la population. Dans le Grand Est, il s’agirait de passer de 700 enfants aidés à plus de 1000. L’idée est de mobiliser encore plus d’étudiants pour un mentorat à la rentrée. Les associations de cadres, certaines entreprises et les CROUS ont relayé l'appel à contribution.
 
La déléguée régionale de l’AFEV Grand Est pense que le milieu scolaire va sortir grandi de cette expérience. Et si un nouveau confinement est nécessaire, les accompagnants à distance seront là et sauront faire. 
 
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